Challenges.fr - L'innovation «made in France»
Le 09 janvier 2012 Télécharger la version PDF
« Pour les présidentielles 2012, je vais lancer un produit qui va innover », annonce fièrement Caroline Lisfranc (CL Premium), la designer star de la délégation française du G20 YES présente au déjeuner-bilan de cette manifestation début janvier. Innover. Voilà une bonne résolution qu'un bon nombre de chefs d'entreprise aimeraient prendre pour démarrer la nouvelle année. Mais les PME françaises sont-elles toutes capables de sauter le pas ? Outre les créatifs qui n'ont de cesse de réinventer le monde, quelles sont les entreprises qui se risquent à mettre sur le marché de nouveaux produits et de nouvelles solutions ?
Le mois dernier, le cabinet de conseil en financement public Sogedev a fait une radioscopie pour tenter de dresser le portrait de l'entreprise innovante bien de chez nous. Sur les 5.000 PME qui ont reçu le questionnaire en ligne, 206 se sont portées volontaires pour participer à cet audit de l'innovation à la française. Parmi les répondants, les PME sont les plus nombreuses (59%), suivies des TPE (28%) et des « non classées » (12%) derrière lesquelles se rangent sans doute des bataillons d'entrepreneurs qui n'ont pas jugé nécessaire d'entrer dans la case TPE ou ETI. Tous n'ont pas encore fait le grand saut : ils sont 64% à mener des projets innovants.
Etonnement, ce n'est pas aux abords de Paris, la ville Lumière, que le mot innovation est sur toutes les lèvres. Avec 20% de répondants, les chefs d'entreprise de la région Rhône-Alpes se sentent les plus concernés, devant la région Ile-de-France (14%) qui est pourtant la région la plus peuplée de France.
Si l'on approche la loupe, c'est dans l'industrie chimique et pharmaceutique ou encore dans le secteur informatique et électronique que se trouvent les acteurs de l'innovation, avec près de 75% des répondants. Les services ne représentent que 13%. Autre secteur à la traîne, celui de la communication et de l'information (10% des répondants) -hommage discret aux médias-innovants-charmeurs d'annonceurs-dompteurs de Google), selon l'étude.
Lorsqu'ils ont le temps de mettre en branle la locomotive à charbon mise en place par l'Etat pour l'innovation, ils choisissent principalement le Crédit Impôt Recherche (45%), puis viennent les aides Oséo (27%) et le Statut de Jeune Entreprise Innovantes (JEI), pour 4% des sondés.
En somme, malgré leur activité de R&D, ce sont 18% des entreprises qui ne sollicitent par les aides publiques, par manque de temps ou par manque d'informations pratiques à ce sujet. 11% avouent aussi ne pas avoir les compétences en interne pour lancer la procédure.
Finalement, l'étude révèle deux portraits. Ceux dont la culture et l'habitude est d'y aller seul, et une autre part (56%), qui, en bonne connaissance des leviers made in France, ont recours aux « projets collaboratifs » ou « partenariats avec des structures publiques » pour semer les graines de l'innovation.